INTERVIEW DE L'ANIMATEUR

1. Attentes envers ses collaborateurs.

"C'est surtout en termes de compétence et de formation que j'ai des attentes envers les autres animateurs. Ce type de population (les adolescents), exige des réponses pointues. Ceux-ci sont en proie a des problèmes spécifiques qu'il s'agit de pouvoir déchiffrer et comprendre. C'est la première attente afin de ne pas brasser du vent: une connaissance théorique et pratique de ce type de problème et de population (comment gérer une crise, quels outils mettre en œuvre, etc ... ) ".

" D'un point de vue plus pratique, il faut pouvoir mobiliser rapidement et de manière efficace l'équipe lors de situations de crise ".

2. Les attentes envers le monde médical.

Y. donne l'exemple de la formation de réseaux informatif autour des jeunes. " Savoir qu'on peut atteindre sur un coup de fil la bonne personne (directeur de l'école, profs, médecin, parents) ". Ces réseaux se sont formés depuis plusieurs années déjà sur le concept " mieux vivre à B. ". " Le fait de tisser ces réseaux nous permet de très vite prendre la température. Toutefois du point de vue actif (par opposition à informatif) ceux-ci restent largement insuffisants et surtout beaucoup trop rigides. Je ne peux pas envoyer un jeune chez le médecin dans l'heure, car il a déjà une longue liste d'attente. J'attend quelque chose en terme de souplesse et de disponibilité de ces réseaux, et notamment des médecins. Il faut qu'il y ait une véritable recherche d'outils d'intervention rapide et léger (médecin, accompagnateur social, etc.) ".

Il oppose notamment cela à la lourdeur institutionnelle et administrative actuelle (SPJ, UMSA, le plus souvent perçus comme des flics) et constate que l'on prend plutôt le chemin d'une rigidification ; ceci étant lié aux " nouvelles politiques publiques ".

3. La famille, les parents.

" Ils semblent être a priori un peu " largués " par rapport à la vie du centre et aux problèmes de leur enfant, ils ont des problèmes eux-mêmes (emploi, vie de couple) et sont pas mal décalés par rapport à la vie de leur enfant. En plus ils sont pleins de préjugés sur cet endroit où je travaille (" repère de drogués ") et il est très difficile de se défaire de ce type de réputation. Je n'ai pas vraiment d'attente envers eux ".

Les jeunes entre eux.

" Les jeunes réagissent à l'angoisse par la bande, ou plutôt la " fratrie ". Celle-ci reproduit des formes très marquées de pouvoir interne. Si face à l'autorité on constate de la solidarité (refus de se dénoncer par exemple), des jeunes peuvent être très durement exclus du groupe sur de simples questions " d'esthétique vestimentaire ". Leur angoisse tourne souvent autour des problèmes liés au boulot et à l'identification (à qui j'appartiens ?). J'attend, chez les jeunes aussi, plus de souplesse ".

Y. dit de lui même, qu'il a une vision préventive, éducative et palliative, plus thérapeutique que politique. Pourtant, la lourdeur administrative, le manque de souplesse des réseaux et le manque d'outils d'intervention rapide, la rigidification des emplois sociaux, semble poser une importante question politique.