Pourquoi Charlotte Olivier ?

Charlotte Olivier est une femme d'origine russe qui a pratiqué la médecine de 1901 à 1940, à Lausanne et dans le canton de Vaud (Suisse).

Elle est pour nous un symbole de praticienne capable de penser la santé et la maladie au-delà du modèle biomédical, d'en tirer les conséquences pour elle-même et pour sa discipline, la médecine. Comprendre qu'il faut agir à différents niveaux si l'on veut améliorer la santé de la population est un élément. S'engager pleinement à chacun de ces différents niveaux en est un autre. C'est ce que Charlotte Olivier nous laisse en héritage : démontrer que le changement est possible, que la cohérence et l'engagement peuvent modifier la réalité.

En observant des centaines de foyers touchés par la tuberculose, épidémie dévastatrice de ce début de siècle, elle prend conscience de l'importance des facteurs contextuels, tant dans l'apparition de la maladie que dans les possibilités de la combattre. Si l'éducation et le soutien des mères de famille sont  déterminants pour mettre un frein à l'épidémie, il s'avère nécessaire de mobiliser les femmes et former des professionnelles compétentes pour intervenir au sein même des foyers. Si les moyens politiques, juridiques et économiques susceptibles de protéger les enfants font défaut, alors il faut tout mettre en oeuvre pour obtenir ces moyens.

Son action sera couronnée de succès: en 1913, l'union des femmes de Lausanne compte 9000 membres. En 1916, une loi est adoptée pour la protection des enfants placés. La première loi fédérale de lutte contre la tuberculose assortie d'une subvention d'un million de francs verra le jour en 1921 !

La démarche de Charlotte Olivier constitue pour nous un modèle de rigueur scientifique, de vision contextuelle de la maladie et de la santé et d'engagement dans l'action interdisciplinaire. Loin des déclarations de bonnes intentions sur la nécessité de la collaboration, elle s'est attachée à créer des conditions d'action où professions et disciplines devaient collaborer pour atteindre leur but.

                                                                                                 Dr M.-Cl. Hofner
                                                                                                     Présidente